Suite au débarquement des Alliés en Afrique du Nord et à la libération du Maroc et de l’Algérie, l’armée d’Afrique Vichyste fusionne avec les Forces Françaises Libres. Les FAFL sont donc renommés FAF : Forces Aériennes Françaises.

 

1. Renforcement des FAF en Angleterre

  • Le groupe 3/2 « Ile de France » (ou squadron 340) est retiré des opérations, le 20 mars 1943, et envoyé au repos en Ecosse. Le bilan de cette première année de combat est mitigé : 25 victoires confirmées contre 17 pilotes tués, 3 prisonniers et 4 blessés graves. Le groupe ne revient en première ligne que le 10 novembre. Il est incorporé dans le système de défense des Iles britanniques en vue du débarquement en Normandie. Avec le groupe « Alsace » il forme le Wing de Perranporth en Cornouailles dont la mission consiste essentiellement à fixer les défenses allemandes installées en Bretagne. Ces missions se révèlent très frustrantes car, obligés de parcourir 500 Kms, les Spitfires ne restent que quelques minutes sur la zone de patrouille.
  • Le groupe 3/2 « Alsace », avec ses 9 pilotes en provenance du Moyen-Orient, débarque à Turnhouse en Ecosse et est baptisé Squadron 341 sous les ordres du commandant Mouchotte. Il s’entraîne sur Spitfire Vb tout en étant renforcé jusqu’en mars et part à Biggin Hill au sud-est de l’Angleterre où il l’attend des Spitfires IX. Les opérations consistant principalement en des Sweeps, Ramrods et Rodeo commencent le 23 mars. Elles se succèdent à une cadence infernale, entre juin et août, à raison parfois de 3 missions par jour. Le 15 mai, le commandant René Mouchotte célèbre la 1000ème victoire de Biggin Hill qu’il a obtenu au dépend d’un FW190. Hélas, le 28 août 1943, il est abattu et son corps est retrouvé sur une plage près d’Ostende. A la mi-octobre, le groupe fait mouvement à Perranporth, dans un secteur réputé moins actif que le sud-est de l’Angleterre, et troque par la même occasion ses Spitfires IX contre des Spitfires V. Ce répit n’est que très relatif car la Bretagne et le Cotentin sont à portée d’action, sans compter les missions de protection des convois en mer, qui occupent le groupe pendant ses 6 mois en Cornouailles. Pierre Clostermann, as et écrivain célèbre, a commencé sa carrière dans ce groupe.
  • Le groupe 1/20 « Lorraine », en provenance du Moyen-Orient, débarque en janvier à Glasgow, en Ecosse, et est baptisé Squadron 342. Il est transformé sur Douglas Boston IIIA et, en mai, est chargé de bombarder des objectifs de la région parisienne et du nord de la France. Relevant du Wing 137 et de la 2nd Tactical Air Force, le groupe bombarde, en étroite collaboration avec la RAF, des centrales et des usines dans le nord des Pays-Bas. Sa première opération se situe le 12 juin, en vol rase-mottes, près de Rouen pour détruire des postes électriques. En novembre des sites de V-1 sont bombardés.
  • En septembre 1943, arrivent d’Afrique du Nord, les deux groupes de bombardement stratégiques GB 1/25 « Tunisie » et GB 2/23 « Guyenne ». Les équipages sont en formation pendant 7 mois, jusqu’en mai 1944.

 

2. Patrouilles de surveillance au Moyen-Orient

  • Le GB 1/17 « Picardie » est l’héritière de l’escadrille de police et de sécurité du Levant. Le groupe voit le jour à Damas, en juin 1943, et se trouve être la dernière des unités FAFL à être formée. Sa mission consiste à patrouiller au-dessus du désert et à assurer des taches de surveillance côtière le long du levant. Elle est articulée en 2 escadrilles : la première dotée de Potez 25TOE et la deuxième de Blenheims, hérités du « Lorraine » qui vient d’être transféré en Angleterre.
  • Le GC 3/3 « Ardennes » est créée en octobre 1943 en Syrie, sous l’impulsion de Lieutenant-colonel Morlaix, avec du matériel entièrement britannique. Il est prévu qu’il soit en charge de protéger les côtes orientales de la Méditerranée à partir du levant. L’entraînement démarre en novembre sur 2 Harvard et 2 Hurricanes IIC. La mise sur pied du groupe est retardée par l’absence d’avions et de personnel technique qualifié.

 

3. Les activités redémarrent en AEF

  • GB 2/20 « Bretagne »

Après la campagne aboutissant à la jonction des Forces de Leclerc avec les forces britanniques à Tripoli de décembre 1942 à janvier 1943, le GB 2/20 « Bretagne » est mise au repos en Libye puis, finalement, transféré en Syrie. Le 1er avril, les 2 escadrilles du groupe fusionnent en une seule. En novembre, les équipages sont envoyés en instruction en Algérie, à Télergma puis à Châteaudun du Rhumel pour y être transformés sur Martin B26 « Marauder », en vue de participer à la reconquête de l’Europe du Sud.

  • Création du groupe 1/16 « Artois »

Le 27 janvier 1943, le Groupe Aérien de Défense Côtière (GADC) prend officiellement le nom de groupe « Artois ». Equipée de trois Westland Lysander, un Howard DGA-15, un Farman 190, un Beechcraft 18S et un Bloch MB120, l’escadrille « Arras » est basée à Pointe-Noire, sous les ordres du commandant Kopp. De son côté, l’escadrille « Béthune », qui compte un Lockheed 12A et trois Westland Lysander, est basée à Douala, sous le commandement du capitaine Morel. Chargé de surveiller les convois, le groupe bénéficie d’une modernisation de son matériel en mai et juin 1943 avec l’arrivée de huit Avro Anson Mk1, puis de cinq Airspeed Oxford Mk1 en provenance de Takoradi (Ghana).

 

L’aéronavale entre en action

En janvier, une convention est signée entre le commandant de la marine en AOF et les autorités américaines pour créer le « District Naval » de Dakar aux ordres du vice-amiral Collinet. Sa mission est la poursuite des hostilités et en particulier la protection du trafic maritime allié dans les limites de ce district. Dakar devient ainsi l’un des plus importants points de ravitaillement des armées engagées dans la libération de l’AFN, du proche orient et plus tard de l’Europe occidentale.

Le 2 juin 1943, au large de Dakar, le sous-marin U105 est envoyé par le fond grâce à un bombardement du Potez-Cams 141 Antarès de la 4E. De même, le seul autre avion de l’aéronautique navale crédité d’une victoire, le 18 août 1943, sur un sous-marin allemand, le U403, est un bimoteur terrestre Wellington affecté à la 2ème flottille de bombardement basée à Dakar.

La 1ère flottille d’exploration 1FE est formée le 2 août 1943 et regroupe temporairement six hydravions : quatre Sunderland, un Laté 611 « Achernar » et le Potez-Cams 141 Antarès. L’Antarès sera réformé au début de 1944 devant l’impossibilité de trouver des pièces de rechange.

La 7F, équipée de 13 Laté 298 de Dakar, a donné naissance en mars 1943 à l’escadrille 1S qui est dissoute le 1er novembre 1943. Les six Laté 298, rescapés, rejoignent Oran pour renforcer la 2S.

 

4. Sous-marins sur Djibouti

Durant le second semestre de 1943, on signale une recrudescence de l’activité sous-marine dans l’océan indien, et plus particulièrement dans le golfe d’Aden où un navire de commerce est torpillé. Les Britanniques d’Aden proposent donc l’installation à Djibouti, d’appareils spécialisés dans la lutte ASM. Mais depuis le terrible blocus de 1941 à 1943, il règne un froid certain entre les autorités d’Aden et celles de Djibouti. Ces dernières refusent et un compromis est trouvé en proposant que l’armée de l’Air détache quatre Glenn d’AOF et de les placer sous autorité britannique. De décembre 1943 à février 1944, ils effectuent 23 sorties sans découvrir de sous-marin. Le petit groupe repart le 24 mars 1944 pour l’Afrique du Nord.

 

5. Réorganisation en Afrique du Nord

Le 1er juillet 1943, à la suite d’une décision du comité de Libération Nationale d’Alger, l’Armée renaît officiellement avec la nomination du général Bouscat au poste de chef d’état-major général de l’armée de l’air. Deux jours plus tard, celui-ci annonce la fusion des 25 groupes constituant les forces aériennes d’Afrique avec les 8 groupes FAFL (en comptant les LAM).

Il faudra du temps pour que les hommes des deux camps finissent par s’accepter car, incontestablement, la période allant de novembre 1942 à la fin de 1943 est une période troublée, où ressurgissent, de manière sporadique, de vieilles rancœurs datant d’avant 1940 et des histoires politiques remontant au Front Populaire. Pour réussir cet amalgame, le commandement décide, d’envoyer des équipages d’Afrique en Grande-Bretagne et en Russie tandis que certains FAFL sont mutés dans des groupes d’Afrique. En janvier 1944, le général Valin constate avec satisfaction qu’une nouvelle solidarité est née dans l’action commune entre les 2 parties, hier, rivales.

 

Le programme de réarmement anglo-américain

Un vaste programme de réarmement avec du matériel américain et anglais est mis sur pied à la conférence d’Anfa en janvier 43. Hormis la livraison des P40F au groupe « Lafayette », elle ne commence qu’en mai avec l’arrivée des premiers P39N au GC 3/6 « Roussillon ». Les P39 sont livrés en caisse au Maroc et assemblés à Casablanca. Au total 165 P39 seront livrés et ils équiperont les GC 1/4, 1/5, 2/6, 3/6, 1/9 et 2/9.

Les négociations relatives au plan VII (numérotation délibérée voulant montrer la continuité avec les plans d’avant guerre dont le dernier plan VI datait d’avril 1940) s’engagent au mois de juin 1943. En août, un comité anglo-américain est formé pour suivre le réarmement français. Cette commission appelée « Joint Air Committee » coordonne la mise au point du programme qui est définitivement adopté en septembre.

Mais la cadence d’équipement en appareils modernes est cependant très lente. Le 14 novembre 1943, alors qu’est constituée la 1e escadre de chasse (GC1/3, GC1/7, GC2/7), l’aviation française ne peut aligner que 250 avions (3 groupes FAFL en Grande-Bretagne, 1 en Russie et 8 groupes de chasse et 1 de reconnaissance en AFN). L’état-major table, tout de même, sur 600 avions en ligne au mois de juillet 1944.

 

Création de l’école d’instruction de Meknès

Le personnel doit être entraîner au maniement des appareils alliés. Dans ce but, des centaines de pilotes et de spécialistes sont envoyés à l’instruction dans les écoles américaines et anglaises. Et, pour ne pas être en reste, une école d’instruction pour les débutants est créée à Marrakech, en avril 1943, avec une section chasse qui ne comprend, en fait, qu’une seule escadrille C1 dotée de vieux Curtiss H75 issus du GC 2/5, qui vient lui-même d’être rééquipé en Curtiss P40 flambant neuf. Aucune pièce de rechange n’existe, aucune directive ni programme d’instruction, mais la volonté et la force de créer, avec de si faibles moyens, l’ossature de la future école de chasse ne manquent pas. Dès le mois de juillet, une 2e escadrille C2 est formée avec 6 autres Curtiss H75. Peu à peu, les programmes d’instruction commencent à être élaborés, bien qu’ils soient assez succincts, car outre les cours au sol, les élèves doivent effectuer 25 h de vol en 28 jours. Bientôt, la 2ème escadrille s’équipe en D520, reversés par le GC 3/6 qui vient d’être doté en octobre 1943 de P39, les H75 allant renforcer la 1ère escadrille. Au mois de novembre, 12 Dauntless A24 étant livrés, il est décidé de créer une 3ème escadrille C3 qui, travaillant sur un terrain annexe du fait de l’encombrement et l’exiguïté de la base, se spécialise dans les vols à double commande, nécessaires pour les jeunes pilotes. Courant décembre, une inspection vient sur place se rendre compte des difficultés de cohabitation entre les deux utilisateurs du terrain (les Américains l’utilisant pour des missions de bombardement) et la décision est prise de faire mouvement sur Meknès, libéré, depuis peu, des GC1/2 et 2/2 partis pour l’Angleterre.

 

ETAT DES LIEUX DETAILLE DES GROUPES D’AVIATION DE l’ARMEE D’AFRIQUE

 

La transformation de l’aviation de chasse :

GC 1/2 « Cigognes » : Arrivé de France, pendant le débarquement anglo-américain avec le commandant Fleurquin à sa tête, le groupe s’installe à Meknès et s’entraîne sur ses vieux D520 jusqu’en décembre 1943. Reversant ses derniers D520 au centre d’instruction, nouvellement crée, il embarque pour l’Ecosse, le 30 décembre. Il y devient le GC 1/2 « Cigognes » et squadron 329 affecté au Wing 145.

GC 1/3 « Corse »  : Le groupe récupère en avril 1943, les D520 abandonnés par le GC 2/7 en cours de transformation sur Spitfire. Le 28 mai, les pilotes commencent, également, leur vol de transformation sur Spitfire Mk V à Bir Rechid. Le 6 août, il est incorporé avec ses 20 D520 et ses 16 Spitfires au « Bône Fighter Command » du commandant Stelhin et rejoint ainsi le 2/7 à Bône les salines, en Algérie, dans le cadre général de la « NACAF ». Ces missions pénibles et fastidieuses de protection des convois, de couverture des points sensibles de la côte et de recherche en mer ne lui offrent que peu d’occasions de rencontrer l’ennemi. Toutefois, les alliés y voient un point de passage obligé pour familiariser les Français, non seulement avec leur nouveau matériel, mais aussi avec leurs méthodes. Le 24 août 1943, le groupe reçoit deux Spitfires Mk IX et participe à la libération de la Corse. Le 17 septembre huit Spitfires se posent à Ajaccio, en compagnie de cinq autres du 2/7. Plusieurs avions allemands sont abattus dans le cadre de la campagne de la libération de la Corse. Le 3 octobre, il est intégré à la nouvelle 1e escadre du commandant Labazordière. Le 1er décembre le groupe est officiellement baptisé « Corse » et devient par la même occasion le squadron 327.

GC 2/3 « Dauphiné » : Il fait partie des laissés pour compte du réarmement. Il traîne ses vieux D520 au-delà du raisonnable et récupère même ceux du GC 3/6 transformé sur P39 à partir de mai 1943. Il va les user jusqu’à l’arrivée des Hurricanes IIC en octobre, eux-mêmes passablement fatigués. Il est alors muté à Taher, en Algérie, et incorporé au 332th Wing chargé de la protection des convois alliés en méditerranée.

GC 1/4 « Navarre » : Le groupe est transféré de Dakar à Meknès en mai 1943. Il est alors composé de 20 Curtiss H75 et de 14 D520. Il est transformé sur P39 en juillet 1943 et fait mouvement, en septembre à la Sebala en Tunisie et est engagé dans la surveillance maritime. En raison des difficiles conditions climatiques d’AFN, les appareils atteignent vite un seuil critique d’usure. Les accidents se multiplient et le nombre d’avions opérationnels diminuent très vite. Le 11 novembre, le groupe est rattaché au 338th Wing.

GC 1/5 « Champagne » : Toujours basé à Rabat, le groupe poursuit l’entrainement de ses pilotes sur H75 et sur quelques P40F, cédés par le GC 2/5. Le 20 juin, il touche ses premiers P39N et fait mouvement sur Médiouna, en Algérie, pour y terminer sa transformation. Regroupés à Tafaraoui avec le GC 3/6, ils commencent leurs missions de surveillance maritime.

GC 2/5 « La Fayette » : Il est le premier groupe réarmé par les Américains. Il fait mouvement, après un entrainement intensif, le 11 janvier, à The lepte à l’ouest de la Tunisie pour participer à la campagne de Tunisie. Il est intégré en tant que 4e squadron du 33rd Fighter Group. Les Allemands repliés de Libye sont de plus en plus agressifs et bombardent la base sans trop de dégâts, le 12 janvier. Le groupe entame sa campagne de Tunisie dès le 15 janvier. Malheureusement les résultats ne sont guère brillants et Rozanoff est sévèrement critiqué par les généraux Giraud et Mendigal. Le 17 février, les P40 sont pris sous le feu des chars allemands, dont les avant-gardes ont percé à Kasserine. Sans en référer à une quelconque autorité alliée, le Général Mendigal ordonne le repli du groupe. Cette initiative déclenche une tempête de protestations de la part de l’état-major américain, en particulier du général Spat, commandant des forces aériennes. Le 15 mars, le GC 2/5 est envoyé se remettre en état au Maroc où il touche des P40L (version allégée du P40F). A partir du 15 mai, affecté au « Coastal Command » comme tous les groupes de chasse d’AFN, le groupe s’installe à Protville en Tunisie et commence une longue et fastidieuse période de couverture de ports et de convois maritimes.

GC 3/6 « Roussillon » : Stationné à Aïn Sefra en Algérie, il est le premier groupe à recevoir des Bell P39N « Airacobra », à partir du 18 mai 1943. Les moteurs Allison sont équipés de filtres tropicaux intégrés qui présentent l’avantage de protéger le moteur de l’ingestion de sable, mais l’inconvénient de réduire la vitesse de quelque 50 km/h. De ce fait, beaucoup préfèrent s’en passer, ce qui entrainera de nombreuses pannes dont certaines seront fatales au pilote, et de longs séjours en atelier. La mise au point du P39, en particulier de son armement, se révèle laborieuse. Le groupe fait mouvement à Lapasset en Algérie le 1er août et assure des missions peu passionnantes du « Coastal Command ».

GC 1/7 « Provence » : Ce groupe est créé à Bône les salines le 16 septembre 1943, à partir d’éléments du 1/3 et du 2/7. Il reçoit une première dotation de 16 Spitfires Mk V, complétée de trois Mk IX le 1er octobre, le jour même où il est rattaché à la 1e escadre.

GC 2/7 « Nice » : Rapidement transformé sur Spitfire, le groupe prend part aux dernières phases de la campagne et la libération de la Corse. Baptisé « Nice » et squadron 326, le 1e décembre, il est intégré à la nouvelle 1ère escadre dont la mission consiste en la protection des convois alliés en mer Tyrrhénienne.

GC 2/9 « Auvergne » : Il est créé en août 1943 à Meknès. Il comprend alors six D520 en piteux état et un Hanriot 182. L’effectif se complète peu à peu mais aucun travail valable n’est possible en raison d’arrivées et départs incessants, les pilotes et les mécaniciens ayant à suivre des stages de conversion sur du matériel américain. Certains sont même répartis dans des groupes presque opérationnels, ayant besoin de complément pour partir au combat. Le groupe est dissous en novembre.

 

La transformation de l’aviation de bombardement :

GB 1/25 « Tunisie » et GB 2/23 « Guyenne » : Ils sont, dans un premier temps et à titre d’essai, utilisés à convoyer les munitions nécessaires aux troupes alliées engagées en Tunisie. Des ports marocains jusqu’au front tunisien, ils transportent avec leurs 29 LeO 45 près de 200 tonnes du 18 au 28 janvier 1943. Intégrés dans la « North Tactical Air Force », ils participent à la campagne de Tunisie en attaquant, pendant 2 mois, les arrières de Rommel à partir de la base de Biskra en Algérie. Le 24 février, les équipages se disputent l’honneur de la 1ère mission. L’activité s’exerce de nuit contre des objectifs de l’Afrika Korps. Le 22 mars, le groupe perd son 1er équipage, abattu par la flak. En avril 1943, l’Afrika Korps vient de se rendre et les 2 groupes vont être incorporés dans le « Bomber Command » de la RAF, pour former 2 groupes de bombardement stratégiques. Ils prennent alors le nom de « Tunisie » et « Guyenne ». Ils arrivent, en septembre 1943, à Liverpool et passent de longs mois dans les différences écoles de la RAF. Enfin ils s’installent dans la base d’Elvington près de York. Base très particulière car elle est entièrement administrée par les Français.

GB 1/11 : Le groupe est muté à Colomb-Béchar en Janvier 1943 et participe brièvement avec ses trois LeO45 à la campagne de Tunisie. Il est dissous le 1er aout et son personnel est transféré au GB 2/23 « Guyenne ».

GB 1/19 : Laissant ses DB7 à Rovigo en Algérie, le groupe rejoint Colomb-Bechar, sans avion, le 6 janvier 1943 puis s’installe à Médiouna en Octobre. Le groupe est dissous le 3 janvier 1944 et sera reconstitué six mois plus tard avec le nom de GB1/19 « Gascogne ».

GB 2/20 « Bretagne » : Le 1er avril, les 2 escadrilles du groupe fusionnent en une seule. En novembre, les équipages sont envoyés en instruction en Algérie, à Télergma puis à Châteaudun du Rhumel pour y être transformés sur Martin B26 « Marauder », en vue de participer à la reconquête de l’Europe du Sud.

GB 1/22 « Maroc » : Réduit à sa plus simple expression lors du débarquement en AFN, le groupe fusionne avec la 2e escadrille du GR 1/52, le 1er janvier 1943. Un mois plus tard, il rallie Oued Zem au Maroc, puis Biskra en Avril pour participer à la campagne de Tunisie. En mai, ses équipages suivent un stage de transformation sur matériel américain à Rabat. Il est renommé GBM 1/22, le 1er septembre. Il gagne Châteaudun du Rhumel pour terminer sa transformation sur B26. Prévu pour être engagé depuis la Corse, il est finalement transféré à Villacidro en Sardaigne en janvier 1944.

GB 1/23 : Ce groupe, encore équipé de ses neuf LeO451 à bout de potentiel, est principalement utilisé pour les liaisons. Rebaptisé GT 1/23, sous commandement britannique, il est rattaché au groupement de transport n°15 dès janvier 1943 et assure des missions de transport de munitions pendant la campagne de Tunisie. Fin février, le groupe se voit confié trois missions de bombardement de nuit. Le groupe s’installe à Khouribga, le 1er juin, et perçoit des Cessna UC78 avant d’être dissous le 1er septembre suivant.

GB 2/25 : Ce groupe est dissout fin décembre 1942 et la majorité du personnel est absorbée par le 1/25

GB 1/32 « Bourgogne » : Ce groupe est basé à Casablanca et fait mouvement sur Meknès en mai 1943. Il reverse alors ses cinq derniers DB7, MS230, Hanriot182 et réceptionne des Vultee A35 « Vengeance », en attendant d’être transformé sur B26. L’entraînement commence mais dès les premiers vols des déficiences apparaissent dont notamment une consommation excessive d’huile. Il est décidé de ne pas utiliser ses avions pour des missions de combat et à la place, les équipages effectuent des missions d’instruction au profit de l’école des mitrailleurs d’Agadir. 66 avions sont pris en compte. Leur taux de disponibilité est ahurissant et les avions sont interdits deux fois de vols.

GB 2/32 : Ce groupe, basé à Agadir, depuis le 11 Novembre 1942, est dissous le 30 décembre, la 3ème escadrille venant renforcer le 1/32 et la 4ème formant le noyau de l’école des spécialistes qui vient d’ouvrir à Agadir.

GR 2/61 : Ayant aménagé à Affreville en Algérie, le 15 novembre 1942, avec seulement deux DB7, le groupe reçoit de nombreux apports en matériel dans les mois qui suivent. Le groupe fait mouvement à Laghouat (sud algérien), le 18 janvier 1943, et maintient un détachement de quatre avions à Biskra en renfort du GB 1/25 engagé dans les opérations de Tunisie. Le 5 juin, il fait mouvement sur Soumah près d’Alger avant d’être dissous le 5 août.

GB 1/62 : Basé à Bamako au Mali, avec ses GM167F, il remonte à Rabat où il est dissous le 15 août 1943.

GM 2/62 : Le groupe est basé à Thiès, au Sénégal, et utilise des GM167F. Il fait mouvement sur Meknès en juillet 1943 pour fusionner avec le GB 1/32. Il commence alors sa transformation sur A35.

GB 1/63 : En décembre 1942, les équipages quittent Bamako pour Sétif puis reviennent à Dakar pour finalement fusionner, le 1er septembre 1943, avec le 2/63.

GB 2/63 « Sénégal » : Equipé en Potez 63-11 et renforcé par quelques GM167F à Thiès au Sénégal, il gagne Ouakam, dans la banlieue de Dakar, le 16 septembre 1943, où il abandonne son matériel. Le 12 octobre, il reprend l’entrainement, à Casablanca au Maroc, sur quelques DB7 récupérés du 1/19.

 

La transformation de l’aviation de reconnaissance

GR 2/33 « Savoie » : Le groupe est équipé de Bloch 174, utilisés pendant la campagne de France de 1940. Il est chargé de surveiller les côtes tunisiennes et de repérer les points de débarquement allemands pendant la campagne de Tunisie. L’infériorité du Bloch, face au Me109, oblige le commandement à utiliser ce groupe à des bombardements en piqué à Gafsa et Tozeur. Il combat jusqu’au 30 mars 1943 et touche ses premiers Lockheed F-5 « Lightning ». La première escadrille en est bientôt équipée mais la deuxième vole toujours sur Hurricane en attendant. Le groupe vole pour les alliés successivement depuis Alger, Alghero en Sardaigne, Borgo en Corse et Ramatuelle sur la cote d’azur.

GR 1/52 : Voir GR 2/52 « Franche Comté » pour la 1ère escadrille , Voir GB 1/22 « Maroc » pour la 2ème escadrille

GR 2/52 « Franche Comté » : Décimé lors des débarquements, le groupe se retrouve avec trois Bloch 175 à Oran. Recomplété par la cession de deux DB7 du GB 2/61 et par le déstockage de 9 autres, il gagne Beni Ounif, dans le sud de l’Algérie, en février 1943 où il est renforcé par l’arrivée de la 1ère escadrille du 1/52. Rebaptisé GBM 2/52, le 1er septembre 43, il est transformé sur B26 à Télergma en novembre.

 

La transformation de l’aviation de transport

GT 1/15 « Touraine » : Dissous à l’armistice de 1940, le groupe est reconstitué à Istres, le 1e octobre 1940. D’abord équipé de Potez 29 et de LeO 451, il rejoint Rabat-Salé. Ses équipages prennent part à la campagne de Syrie puis retourne à Rabat. Après le débarquement allié du 8 novembre 1942, il ne reste que deux Potez 29 et deux Farman 222. L’activité en 1943 consiste en entrainement sur un simulation de vol à Casablanca et en quelques vols sur les avions restants.

GT 2/15 « Anjou » : Le 1e octobre 1940, le groupe renait à Alger-Maison-Blanche avec du personnel issu du GB 2/15. Aucun avion n’a été pris en compte bien que 13 avions aient été affectés en dotation (quatre FARMAN 223.3, trois FARMAN 224, six POTEZ 650). Les avions arrivent en janvier et le premier mois se passe en vols d’entrainement et de liaison mais l’avenir du groupe n’est pas assuré car sa création est contestée par la commission italienne d’armistice. Elle accepte cependant que des avions soient remis en service pour transporter l’or Belge qui a été mis à l’abri au Sénégal lors de l’invasion allemande. Devant la menace d’une opération anglaise en Syrie, quatre Potez 650 sont envoyés à Damas, opérant des rotations pour acheminer matériel et personnel au Levant. En Mai 1941, deux Potez 540 et 650 et trois Farman sont autorisés à renforcer le dispositif. Au cours du mois de Juin, le groupe a effectué 55 missions de transport de matériel et de personnel. Les équipages demeurés à Blida poursuivent leurs activités en AFN de vols d’entrainement et de largages de parachutistes. L’armistice de Saint Jean d’Acre autorisant le personnel militaire ou civil du Levant de rentrer en France, le groupe opère plusieurs rotations de rapatriement du 9 juillet au 30 Aout. L’année 1942 se déroule au rythme des liaisons entre Alger, Rabat, Oran et Meknès essentiellement en Potez 540.

Début 1943, bon nombre d’appareils sont indisponibles. Les équipages de Potez 540 ont volé, en janvier, au profit des forces américaines, transportant 12 tonnes de matériel. En février, le groupe est baptisé « Anjou » et en Septembre, il est renforcé pour avoir une organisation semblable à celles des groupes américains. Le groupe va changer de matériel. Les Potez 540 vont être remplacés par des Caudron Goéland et Caudron Simoun et du matériel américain Vultee A35 « Vengeance »

GT 3/15 “ Maine” : Formé à Istres en 1941, le groupe est envoyé à Oujda, au Maroc,  avec des Amiot 143. Il est dissous en 1943 en raison de la necessité de former des unités de guerre avec tous nos moyens et aussi par manque d’avions de transport. Il sera recrée en 1945.

GT 1/23 : voir GB 1/23

GT 1/36 : Crée à Oujda, le 1er janvier 1943, avec le personnel et le matériel du GT 3/15 , il se dirige vers Mouzaïaville, en Algérie. Ses Amiot143 accomplissent bon nombre de missions pour les alliés jusqu’à sa dissolution en septembre 1943.

 

La transformation de l’aéronavale                                                               

La flottille 4F du porte-avions Béarn, qui avait participé aux combats de 1940 sur LN 411 puis aux combats de Syrie contre les alliés sur GM 167 et Léo 45, est dissoute en juin 1943.

La flottille 5F, amputée de quatre Laté 298 détruits lors des brefs combats des débarquements alliés en AFN, est dissoute et donne naissance, dans la foulée, à la nouvelle escadrille 4S dans le rôle obscur de surveillance de la Méditerranée occidentale. Au fur et à mesure de leur révision à Oran, elle met en œuvre les neuf Laté 298 survivants. Elle est rebaptisée 2S en novembre et forme la flottille 5FS avec une nouvelle 4S équipée d’hydravions « Walrus » anglais.

 

6. L’assaut du vieux continent passe par l’Europe du Sud

La conquête de la Sicile et de la Corse

La campagne de Tunisie achevée en mai 1943, la stratégie alliée s’oriente alors vers le sud du vieux continent. Avant les grandes opérations, les groupes français opèrent dans deux grands commandements alliés : le « North Tactical Air Force » britannique et le « Mediterranean Allied Coastal Air Force » américain. Seuls les GC 2/5 et 2/7 sont engagés dans les attaques préliminaires au débarquement de Sicile. Par contre, les GC 1/3 et 2/7 participent à la conquête de la Corse. A cette occasion, le GC 2/7 s’illustre plus particulièrement, le 24 septembre, en contre-carrant une attaque de 10 Dornier Do217, expérimentant une bombe planante radioguidée, sur le port d’Ajaccio.

La Corse tient une place particulière, car c’est sur son sol qu’est crée la première grande unité de l’armée de l’air, le 14 novembre : La 1e escadre de chasse constituée avec le GC 1/7 « Provence », 2/7 « Nice » et 1/3 « Corse ».

 

La chute de Mussolini et le débarquement en Italie du Sud

Entretemps, Mussolini est arrêté par le roi Victor Emmanuel III en juillet 1943. Le maréchal Badoglio forme un nouveau gouvernement et déclare son intention de continuer la guerre auprès des Alliés. Le 8 septembre, les Italiens signent un armistice et les Allemands prennent rapidement le contrôle de la situation en créant la ligne « Gustave » au sud de Rome car les Alliés ont déjà débarqué dans la botte italienne et remontent vers le Nord.

 

7. Premiers combats meurtriers en Union soviétique

Lorsque, le 22 février 43, le commandant Tulasne prend le commandement du « Normandie », les Soviétiques réservent un très bon accueil aux français : Ces derniers ont les honneurs de la Pravda et, après s’être entraînés sur biplan UT-2 et Yak-7, reçoivent des Yak-1 que Tulasne a demandé. En effet, dès le mois de décembre 1942, un petit nombre de pilotes chevronnés est invité à choisir le type d’avion qui doit les équiper. Les Soviétiques leur laissant le choix entre le Spitfire, l’Hurricane, le P39 et le Yak-1. Tulasne sélectionne rapidement le chasseur soviétique car il s’apparente assez bien au D520 avec son excellent moteur de 1100 Ch dérivé de l’Hispano-Suiza 12Y. Les ambassades britanniques et américaines font pression pour que Tulasne reviennent sur son choix mais il ne cède pas, au grand plaisir des soviétiques.

Le « Normandie » est engagé sur le front dès le mois de mars 1943. Le 5 juillet le groupe prend en compte de nouveaux chasseurs Yak-9 et deux escadrilles, au complet, sont constituées : « Rouen » sous les ordres du commandant Pouyade et « Le Havre » sous les ordres du capitaine Littolff. Les pilotes français apprécient particulièrement les méthodes soviétiques de pilotage, d’entraînement et de combat largement inspirées des méthodes françaises. Le moral est excellent et la camaraderie, avec les Russes, est franche. En juillet 43, lors de l’offensive sur l’Orel, le groupe perd plusieurs pilotes dont Littolff et Tulasne. En août, au cours de l’offensive sur Iéna le groupe perd encore 4 pilotes. Les mécaniciens français sont remplacés par des Russes pour résoudre l’épineux problème de maintenance des avions. Ces pertes sévères sont compensées par l’arrivée de nouveaux pilotes venant d’AFN, mais certains des renforts sont jugés d’une qualification très insuffisante et sont renvoyés, ce qui ternit l’image du Normandie. Force est de constater qu’à une certaine époque, du moins, l’état-major de l’Air a cherché à envoyer au « Normandie » des pilotes dont elle voulait se débarrasser, considérant qu’ils étaient des communistes.

Le groupe avec 6 pilotes survivants est retiré du front à Toula pour l’hiver. Le palmarès totalise 77 victoires sures, 9 probables mais 21 pilotes ont été tués.

 

8. Les lignes Aériennes Militaires (LAM)

Enfin, dans les premiers mois de 1943, les LAM possèdent une douzaine de Lodestar. Le personnel militaire qui s’est remarquablement adapté à un type de travail nouveau pour lui, est considérablement renforcé par des spécialistes du réseau d’Air France d’Amérique du Sud, dont Vachet, le directeur, est bien connu des alliés. D’anciennes lignes sont réouvertes pour satisfaire aux besoins, résultant du ralliement de Madagascar et de Djibouti à la France Libre et de la nouvelle situation, crée par les débarquements des Alliés en Afrique du Nord.

 L’infrastructure suit le développement des lignes aériennes : les aérodromes de Fort-Lamy, Fort -Archambault, Damas et Djibouti sont adaptés à l’accueil des avions modernes. Pointe noire devient une des bases les mieux aménagés d’Afrique avec une piste de 2000m qui permet l’envol d’avions plus lourdement chargés. A l’été, l’ensemble du réseau français en Afrique couvre 34000Kms dont 20000 exploités par les LAM, 10000 par Air France et 3000 par l’aéromaritime.

Début 1943, des missions de transport et de ravitaillement sont organisées en AEF au profit des colonnes Leclerc, attaquant le Fezzan. Près de 42 tonnes sont transportées au cours de ces opérations.

Pour l’anecdote, le 5 mars 1943, le Lockheed 12 « Electra Junior » est victime d’un accident sur la ligne Alger-Dakar.

 

Bibliographie : Voir 1945

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