Contexte historique
L’intérêt militaire de l’aviation n’a pas échappé à ses créateurs. Aux États-Unis, puis en Europe, ils ont proposé leurs inventions aux différents ministères de la Guerre. De fait, en France, dès 1891, les travaux de Clément Ader sont conduits dans le plus grand secret, sous l’égide du président du Conseil et Ministre de la Guerre. L’intérêt, grandissant dans les milieux politiques, militaires et aéronautiques, conduit à la naissance de l’aviation militaire fin 1909, concrétisée par l’achat de cinq aéroplanes, soit deux appareils « Farman », deux appareils « Wright » et un « Blériot ».
À la veille de la déclaration de guerre, si la France possède une des plus importantes aviations du monde avec 183 avions répartis dans 32 escadrilles, elle reste cependant dépassée par l’aviation allemande qui possède environ 250 appareils.
Au tout début de la guerre, le rôle de l’aviation dans les combats reste à découvrir. La supériorité numérique n’est pas un facteur décisif car les avions ne sont pas armés et leurs performances sensiblement équivalentes : leurs vitesses sont de l’ordre de 80 à 120 km/h, leurs plafonds entre 1500 et 2000m et leurs autonomies de trois heures. Résultant de manœuvres militaires, la doctrine d’emploi a limité le rôle principal de l’aviation à l’observation, au renseignement au-dessus du front et au réglage de la trajectoire des obus de l’artillerie.
Opérations militaires
Dès les premiers mois des hostilités, les doctrines d’emploi de l’aviation vont être mises à l’épreuve des faits. Des modifications vont être empiriquement réalisées par les pilotes, mais il faudra des mois pour que cette évolution, partie de la base, n’atteigne le commandement et ne se transforme en véritables principes officiels.
L’aviation remplit d’abord le rôle qu’on lui a dévolu : l’observation et le renseignement. Mais aucun plan d’ensemble n’est établi. Les pilotes vont au gré de leurs inspirations, ramenant des informations parcellaires, qui sont peu exploitées par le commandement, jusqu’au jour où l’aviation détecte le changement de direction des troupes allemandes de Von Kluck vers le sud-est, évitant Paris, pour prendre à revers une partie de l’armée française, au lieu de marcher plein sud sur Paris. Cette information, confirmée par l’aviation anglaise et les troupes au sol, décide le GQG (Grand Quartier Général) d’arrêter la retraite des troupes franco-anglaises vers le sud et de contre attaquer à partir de Paris, du 6 au 12 septembre 1914, aboutissant au reflux des forces allemandes pendant la célèbre bataille de la Marne.
Mais les aviateurs ne vont pas se cantonner à l’observation et au réglage d’artillerie. Les observateurs se munissent de fusils, de carabines, de revolvers contre les pilotes adverses et d’obus de 75, de 90 mm, de briques et de fléchettes contre les troupes au sol. Cela marquera le point de départ de la future aviation de chasse et de bombardement.
Premiers résultats
- La première victoire de la guerre est remportée, le 5 octobre 1914, par un avion « Voisin » muni d’une mitrailleuse Hotchkiss contre un « Aviatitk ».
- Le premier bombardement est allemand : trois bombes lancées, le 2 août 1914, sur la ville de Lunéville. Le premier bombardement français date du 14 août, par le lieutenant Césari et le caporal Prudhommeau sur le hangar à dirigeables de Metz.
- En novembre 1914, cinq escadrilles de bombardement sont créées avec des « Voisin » et des « Maurice Farman ».
Bibliographie
- Icare : l’aéronautique militaire française 1914-1918, tome 1 par Simone Pesquiès-Courbier
