1945 (La république Démocratique du Viêtnam)

Le Japon, après sa capitulation le 15 août 1945, est chargé par les Alliés de faire régner l’ordre en Indochine, jugée politiquement instable, jusqu’à l’arrivée de leurs troupes ; les Américains ne souhaitant pas le retour des troupes françaises pour l’instant.

Malheureusement, les Japonais profitent de cette situation pour attiser l’esprit nationaliste des Indochinois, pour y laisser des instructeurs et pour livrer des armes au chef indépendantiste Hô Chi Minh et à son général Giap. La situation s’aggravant, des Européens sont massacrés et Hô Chi Minh proclame le 2 septembre 1945 l’indépendance de la République Démocratique du Viêtnam (RDV). Ces événements préoccupent alors suffisamment les Américains et les Anglais pour qu’ils acceptent le retour sur place des Forces françaises.

Un premier détachement français, épaulé par une division britannique, débarque à Saïgon le 12 septembre pour dégager la ville. Le porte-avions « Béarn » est seul présent avec sa flottille 8F composée de 4 PBY « Catalina » utilisés pour l’observation et l’attaque au sol.

La 2e division blindée, force conséquente et commandée par le général Leclerc, débarque en Indochine le 5 octobre 1945. Alors que l’Armée de l’Air est réduite à quelques vieux Potez 25 TOE et Loire 130, le colonel Fay, commandant de l’Air en Indochine, fait ressortir l’urgence d’avoir des avions de transport en grand nombre pour ravitailler les troupes éparpillées en petites unités. En effet, l’avion est un moyen de transport beaucoup plus efficace et plus sûr que les convois terrestres, régulièrement victimes d’embuscades. Les groupes de transport GT I/15 et II/15, stationnés en Inde, vont former le Groupe de Marche d’Extrême Orient (GMEO) en Janvier 1946 avec 24 avions C47 « Dakota », puis s’installer définitivement à Tan-Son-Chut.

 

1946 (La consolidation des positions)

Les C47 font rapidement un important travail de parachutage, d’évacuations sanitaires, de largage de tracts et même de missions de bombardement au moyen d’un montage local de lance-bombes.

Dans le courant du mois de février 1946, le déficit d’avions d’appui-feu pour soutenir les troupes au sol, se fait sentir. Aucun avion n’est disponible. Bien qu’un accord ait été signé avec les Britanniques en septembre 1945 pour livrer 50 Spitfires LF9, ces derniers n’arriveront qu’en avril 1946. La 1ère escadre de chasse composée des GC I/7 et II/7 et débarquée en novembre 1945, se trouve toujours sans avions. Afin d’y remédier, les Britanniques fournissent 12 Spitfires Mk VIII. Conjointement, la 1ère escadre récupère 17 chasseurs Nakajima Ki-43 « Oscar » laissés par les Japonais lors de leur départ. Compte tenu de leur état douteux, ils sont essentiellement utilisés pour l’entrainement des pilotes.

En avril 1946, la situation s’améliore avec l’arrivée du GT I/34 et ses 16 AAC1 « Toucan » (Ju52 fabriqués en France) et l’arrivée des Spitfires LF9. Le GT I/34 essaye sans succès d’utiliser des avions japonais Ki21 « Sally » et L2D3 « Tabby ». L’ensemble est épaulé par d’autres appareils japonais récupérés : des Tachikawa Ki54, Ki 36, Ki 51 regroupés au SLA 99 (Section de Liaison Aérienne) et des Aichi « Jake » regroupés dans la nouvelle flottille de l’aéronavale 8S qui possède déjà le Loire130.

Après la relève de la 1ère escadre de chasse par la 2e escadre de chasse et ses GC I/2 et GC III/2, c’est le GC I/3 et ses Mosquitos FB MkVI qui arrive en janvier 1947. Les Mosquitos ont un rayon d’action bien plus important que celui des Spitfires, et ils peuvent intervenir aussi bien au Cambodge qu’en Cochinchine ou au Laos. Malheureusement, le climat humide aura raison de sa structure en bois, et le GCI/3 sera retiré des opérations dès le mois de mai 1947. Le NORD 1000 subira le même sort un peu plus tard.

L’Armée de l’Air participe, pendant cette période dite de consolidation des positions, à l’attaque systématique de tous les points de résistance rencontrés par les troupes au sol et au contrôle des voies fluviales et maritimes.  Les problèmes de liaison radio entre les troupes au sol et les appareils en vol gênent toutefois les opérations. Une aviation légère d’observation composée de MS500 et NORD1000 (Fi56 et Me108) est rapidement mise sur pied pour y remédier.

Un cessez-le-feu est conclu le 30 octobre 1946 qui sera respecté dans le sud, mais pas du tout dans le nord du pays. Hô chi Minh en profite pour décréter « l’insurrection générale contre le colonialisme français ». Le soulèvement Vietminh au nord contraint, jusqu’en mai 1947, l’aviation à de nombreuses opérations d’appui au sol dans la région d’Haïphong ou pour dégager la ville d’Hanoï et la base de Tourane. Le bilan de ces opérations fait également ressortir un manque crucial d’une unité de reconnaissance aérienne photographique pour surveiller les troupes Vietminh très mobiles.

 

1947 (Bataille au Tonkin)

Le transport aérien n’a pas de répit. Il est toujours assuré par les GT II/15 et I/34 qui deviendront respectivement, au 1er juillet, les GT II/64 et GT I/64. Ils ne seront renforcés qu’à la fin de l’année par le GT III/64.

Le porte-avions « Dixmude » vient par deux fois livrer des avions pour l’Armée de l’Air. Ses flottilles 3F et 4F, avec ses SBD « Dauntless », participent à de nombreuses missions de mitraillage et de bombardement dans le Tonkin alors que les flottilles 8F et 8S, renforcées par des « Sea Otter », continuent leurs patrouilles maritimes.

En septembre la relève de la 2e escadre est assurée par la 4e escadre de chasse composée des GC I/4 et II/4.

 

1948 (Le climat est humide)

Les activités aériennes se sont nettement réduites. Cette situation rend service aux affaires de l’Armée de l’Air, laquelle fait face à une forte indisponibilité de ces Spitfires à cause du climat tropical. De plus, les MS500, à bout de potentiel, sont en cours de remplacement par des NC 701. En septembre, le GC II/4 est relevé par le GC I/3 également équipé de Spitfire IX et, en Janvier 1949, c’est le tour du GC I/4 d’être relevé par le GC II/3 formant ainsi la 3e escadre de chasse.

Plusieurs opérations importantes ponctuent cette fin d’année. En collaboration avec l’aéronautique navale sont menées les opérations « Ondine » et « Pégase ». En décembre, le porte-avions « Arromanches » entre dans le port de Saigon avec, une nouvelle fois, la flottille 4F composée de SBD Dauntless, 2 seafires « Reco » et plusieurs NC701.

 

1949 ( le Vietminh se renforce)

Le calme relatif de l’année précédente va permettre au Vietminh de se reformer, d’acquérir des techniques de camouflage et de reprendre plus intensément les combats. Cependant, d’autres événements inquiètent le général Bodet, commandant de l’Armée de l’Air. D’une part, la crise qui se développe en Chine pourrait bien amener les communistes à apporter leur soutien au Vietminh ou à pénétrer en Indochine. D’autre part, le nombre insuffisant d’avions combiné à une vétusté des Spitfires IX de la 3e escadre ne permettrait pas de défendre efficacement les frontières communes avec la Chine.

Devant cette situation inquiétante, le gouvernement américain réticent jusqu’alors à fournir une aide à la France, accepte l’envoi d’appareils Bell P63 « Kingcobra » qui arrivent à bord du porte-avions « Dixmude » en juillet 1949, en même temps que le GC I/5. Les 48 appareils sont remontés et opérationnels à la fin du mois d’août et vont équiper, en plus du GC I/5, les GC II/5 et II/6. Avec son autonomie plus importante que celle du Spitfire et avec sa facilité de pilotage, le P63 permet de reprendre les opérations.

La fin de l’année 1949 voit donc un renforcement notable de l’Armée de l’Air avec l’arrivée du GT II/62 qui délaisse ses bombardiers Martin B26 « Marauder » pour s’équiper en AAC1 (Ju52) et participer aux missions de transport au Tonkin.

D’autre part l’état-major est poussé à transformer plusieurs AAC1 en bombardiers, reprenant la vocation première du GB II/62, et à créer une E.R.O.M 80 (Escadrille de Reconnaissance d’Outre-Mer) équipée de NC701 afin d’accroître sa capacité de reconnaissance. En face, le Vietminh renforce sa DCA et abat 3 AAC1 et 1 Spitfire. L’armée chinoise de Mao Tsé-toung arrive à la frontière du Tonkin et l’offensive Vietminh est imminente.

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